24 Janvier 2024
Les mains jointes
Mosaïque de Mme Sylvie Bethmont-Gallerand ©
Cette œuvre est la libre interprétation d’une mosaïque de la « Maison des Mains Jointes », à Thugga (Dougga) en Tunisie, conservée au Musée du Bardo à Tunis (datée de l’Afrique Proconsulaire, IIIe siècle de notre ère).
Elle a été réalisée avec des papiers peints à la gouache et découpés, semblables aux tesselles des mosaïques, qui sont des petits cubes de marbres et de pierres dures. Chaque roche a été formée dans les entrailles de la terre, voici plusieurs millions d’années, chacune étant unique. Contrairement à nos modernes pixels (qui leur ressemblent au moins visuellement), chacun de ces cubes (de pierre ou, ici, de papier) porte une histoire singulière et est façonné à la mesure du dessin représenté.
Ces papiers découpés viennent de feuilles peintes par nos petits-enfants. Ainsi chaque morceau est unique, choisi, et trouve sa place dans cette image d’union fraternelle.
Durant l’Antiquité, dont nous vient cette mosaïque, joindre les mains droites est signe d’alliance, d’engagement, de paix, d’union. Ce geste (dextrarum junctio) scelle alors l’engagement des époux « à ne faire désormais plus qu’un ». Jusqu’à nos jours, se serrer la main, paume nue contre paume nue, est signe d’accueil, d’entente, d’alliance et de fraternité.
« Si un homme avait un champ visuel si rétréci que, sur un pavement de mosaïque, son regard ne pût balayer que la largeur d’une seule tesselle (…) il croirait confuse la variété des pierres, pour ne pas être capable de voir et de saisir dans leur ensemble ces tableaux où l’harmonie forme une seule et belle image (…) Or ce n’est pas autre chose qui arrive aux hommes : ne pouvant embrasser et comprendre l’adaptation réciproque et le concert des êtres de l’univers, ils s’imaginent, dès que quelque chose les choque qu’il règne un grand désordre dans la nature. » D’après saint Augustin (homme de l’Afrique romaine, 395-430), De Ordine, I, 2.
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Sylvie Bethmont-Gallerand, scientifique de formation, est peintre-graveur depuis son enfance. Ses conférences et son enseignement, en école d’arts appliqués et à l’Ecole cathédrale, au Collège des Bernardins à Paris, portent sur les images tirées de la Bible